Avec l’essor des réseaux sociaux, des groupes comme « Are We Dating the Same Guy? » se multiplient. Bien qu’ils visent à informer et à protéger leurs membres, ils peuvent aussi devenir un espace où des personnes se retrouvent exposées publiquement, parfois injustement. Quelles protections offre le droit français à une personne dont la vie privée ou la réputation est mise en cause ? Comment se défendre ? Comment faire supprimer la publication ? Cet article fait le point sur les recours juridiques disponibles.
Quel est le but de ce genre de groupe ?
Le but est d’obtenir des infos sur un homme que les femmes ont envie de dater, ou avec lequel elles commencent une relation.
Pour ça, il faut poster une photo de l’homme en question, en général c’est son profil tindern bumble, raya ou autre, et demander aux membres du groupe si elles le connaissent et s’il y a des “red flags” à signaler, donc des éléments négatifs chez un homme.
Il y a depuis la création du groupe des milliers de posts, des milliers de profils partagés et donc des milliers de commentaires sur des hommes partout dans le monde. Car il y a des groupes “Are we dating the same guy” pour chaque ville.
Qui peut rentrer dans ce genre de groupe ?
Pour y rentrer c’est très spécifique. Il y a des règles à respecter qui sont indiquées comme par exemple ne pas révéler les informations privées d’un homme ou prendre des captures d’écran du groupe. Dedans, certaines femmes racontent leurs expériences avec des hommes qui ne les ont pas respectées, qui vont du ghosting aux agressions sexuelles. Beaucoup dénoncent aussi les catfish dont elles sont victimes sur les applis. Les catfish ce sont des faux profils. Des personnes qui se font passer pour quelqu’un d’autre. Et puis certaines affichent aussi les mecs mariés qu’elles croisent sur des applis de rencontres.
Il y a une vraie discrimination à l’entrée puisque seulement les femmes cisgenres peuvent rentrer dans ces groupes. Les administrateurs du groupe commettent donc le délit de discrimination prévu et réprimé à l’Article 225-1 du code pénal.
Pourquoi ce type de groupe nauséabond est-il dangereux ?
Ces groupes posent un réel danger en alimentant une culture de la suspicion et en portant atteinte à la vie privée de personnes qui n’ont jamais consenti à être exposées. En l’absence de toute vérification, n’importe quelle allégation, vraie ou fausse, peut être diffusée, transformant un simple désaccord ou une rupture en un tribunal public virtuel. Les conséquences pour les personnes visées peuvent être dévastatrices : atteinte à leur réputation, humiliation publique ou encore impact sur leur vie personnelle et professionnelle. De plus, bien que ces groupes se présentent comme “privés”, leur contenu est facilement accessible, rendant l’exposition encore plus massive et incontrôlée. Enfin, si les rôles étaient inversés, avec des hommes créant des groupes similaires sur les femmes qu’ils fréquentent, cela serait immédiatement dénoncé comme sexiste et inacceptable, révélant une hypocrisie sur le respect de la vie privée et l’égalité entre les sexes.
Entre afficher un homme pour une rupture mal vécue et exposer un individu ayant commis une véritable agression, il existe une différence fondamentale qui est trop souvent ignorée dans ces groupes. D’un côté, une rupture, même menée de manière maladroite ou désagréable, relève de la sphère privée et de l’expérience personnelle, qui ne justifie pas une exposition publique. D’un autre côté, une agression constitue une infraction pénale qui doit être portée devant les autorités compétentes, et non débattue sur un forum public sans cadre légal. En mélangeant ces deux types de situations, ces groupes brouillent les limites entre l’injustice personnelle et les comportements véritablement répréhensibles, ce qui discrédite leur démarche. Cette confusion crée une banalisation des accusations graves et peut nuire à la légitimité des témoignages authentiques.
Les recours juridiques
Atteinte à la vie privée : une protection fondamentale
L’article 9 du Code civil garantit à chacun le respect de sa vie privée. Publier des informations personnelles (nom, photo, détails intimes, etc.) sans consentement constitue une atteinte à ce droit.
- Action en justice devant le tribunal judiciaire pour obtenir :
- Le retrait des publications.
- Des dommages et intérêts.
- Mesure d’urgence : Possibilité de demander une procédure en référé pour faire cesser immédiatement l’atteinte.
Diffamation ou injures : protéger sa réputation
Diffamation
Selon l’article 29 de la loi du 29 juillet 1881, la diffamation désigne une allégation portant atteinte à l’honneur ou à la considération d’une personne, même si les faits sont vrais. Dans le cadre d’un groupe public, ces propos peuvent être qualifiés de diffamation publique.
Injures
Des termes insultants, sans faits précis, relèvent de l’injure, qui est également punissable.
⚖️ Recours possibles
- Plainte pénale : La victime peut porter plainte auprès du commissariat ou de la gendarmerie.
- Action civile : Demande de dommages et intérêts pour réparer le préjudice moral.
Cyberharcèlement : une réponse renforcée aux abus répétés
L’article 222-33-2-2 du Code pénal punit le harcèlement en ligne. Si la personne exposée devient la cible de commentaires répétés, cela peut constituer une infraction pénale.
⚖️ Recours possibles
- Dépôt de plainte pour harcèlement moral ou en ligne.
- Signalement sur la plateforme de réseau social.
Droit à l’image : protéger son visage et ses photos
Toute photo d’une personne publiée sans son consentement constitue une violation de son droit à l’image (article 9 du Code civil).
⚖️ Recours possibles
- Lettre de mise en demeure aux administrateurs du groupe pour retirer la photo.
- Action en justice pour obtenir le retrait et des dommages et intérêts.
Responsabilité des administrateurs et des plateformes
Les administrateurs de groupes et les plateformes comme Facebook ont l’obligation de retirer les contenus manifestement illicites une fois qu’ils en ont connaissance (article 6 de la LCEN).
⚖️ Recours possibles
- Signalement des contenus via les outils intégrés à la plateforme.
- Mise en demeure des administrateurs de supprimer les contenus.
- Action en justice contre la plateforme en cas de refus ou d’inaction.
Démarches concrètes pour se défendre
Étape 1 : Rassembler les preuves
- Captures d’écran des publications, commentaires, et URL du groupe.
- Identifier les auteurs des propos si possible.
Étape 2 : Signalement
- Utiliser les outils de signalement des réseaux sociaux.
Étape 3 : Mise en demeure
Envoyer une lettre aux administrateurs pour demander le retrait des publications sous peine de poursuites judiciaires.
Étape 4 : Dépôt de plainte
- En ligne via Pre-plainte-en-ligne.
- Directement auprès d’un commissariat ou d’une gendarmerie.
Étape 5 : assignation en justice
Conclusion
Être exposé sur un groupe comme « Are We Dating the Same Guy? » peut avoir des conséquences graves sur la vie personnelle et professionnelle. Heureusement, le droit français offre des outils efficaces pour protéger la vie privée, l’honneur et la réputation des individus. Si vous êtes confronté à une telle situation, n’hésitez pas à agir rapidement pour faire valoir vos droits.
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