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Arnaque à l’investissement et au placement : comment récupérer votre argent (pyramide de Ponzi) ?

Vous avez investi dans un placement “garanti”, avec un rendement exceptionnel… mais aujourd’hui, l’argent a disparu ?
On vous a peut-être promis 10 % par mois, ou des gains constants “sans risque”. Le discours était fluide, rassurant, parfois porté par un ami ou un professionnel. Et vous avez investi — parfois une petite somme, parfois toutes vos économies. Puis plus rien. La société a fermé, le site a disparu, ou on vous balade de promesse en promesse.

Si c’est votre cas, vous avez peut-être été victime d’une pyramide de Ponzi. Ces montages frauduleux ont piégé des milliers d’épargnants, parfois très modestes. Cet article vous explique ce que c’est, comment réagir, et surtout comment récupérer votre argent — y compris en visant des responsables solvables comme des avocats, experts-comptables ou gestionnaires de patrimoine.

Qu’est-ce qu’une pyramide de Ponzi ?

C’est une arnaque qui imite un placement rentable… mais ne repose sur aucune activité économique réelle. Les premiers investisseurs sont rémunérés non pas grâce à des bénéfices, mais avec l’argent apporté par les suivants. Tant que de nouveaux fonds arrivent, le système tient. Mais c’est un château de cartes : dès que les entrées ralentissent, tout s’effondre.

On parle de pyramide parce que le mécanisme repose sur une base de plus en plus large de victimes : pour rémunérer 10 investisseurs, il en faut 100 nouveaux, puis 1 000, puis 10 000… Jusqu’à l’inévitable implosion.

Ce montage porte le nom de Charles Ponzi, un escroc des années 1920 qui promettait des rendements spectaculaires via un prétendu commerce de coupons internationaux. En réalité, il recyclait l’argent des nouveaux entrants pour payer les anciens, tout en siphonnant au passage. Depuis, son nom est devenu synonyme de ce type de fraude.

Aujourd’hui, les Ponzi modernes se présentent sous des formes plus sophistiquées :

  • plateformes de trading fictives,
  • fonds d’investissement douteux,
  • placements en cryptomonnaie, or, vin ou énergies renouvelables,
  • ou encore réseaux de “parrainage” rémunérés.

Mais le principe reste invariablement le même : on vous vend une promesse, pas une réalité économique. Et quand le système s’arrête, il ne reste rien — ou plutôt : des victimes, et parfois des responsables à assigner.


Pourquoi ces systèmes fonctionnent encore aujourd’hui ?

Parce qu’ils exploitent les mêmes ressorts psychologiques :

  • La confiance sociale : un ami, un collègue ou une connaissance y a investi et “a gagné”.
  • La peur de manquer une opportunité : un “bon plan” réservé à quelques initiés.
  • La cupidité (pas forcément dans son sens péjoratif) ou du moins la promesse d’une rémunération conséquente : des promesses de 10 % à 15 % de rendement mensuel, parfois plus.

Ces systèmes sont parfois déguisés derrière des investissements en cryptomonnaies, en biens tangibles (or, immobilier, diamants) ou via des plateformes de trading prétendument réglementées. La forme change, mais la mécanique reste la même.

Les signes qui doivent alerter

Voici quelques indices qui doivent immédiatement faire douter :

  • Rendements fixes très élevés et garantis
  • Absence de licence AMF ou ACPR
  • Système basé sur le parrainage actif
  • Manque de transparence sur l’activité réelle
  • Pression pour investir rapidement ou éviter de poser trop de questions

Quelle protection juridique pour les victimes ?

Les victimes peuvent agir au civil comme au pénal.

  • Au pénal : plainte pour escroquerie (article 313-1 du Code pénal), abus de confiance, blanchiment, ou exercice illégal d’une activité financière.
  • Au civil : action en nullité du contrat pour dol ou absence de cause, demande de réparation du préjudice, restitution des sommes.

Mais l’action ne se limite pas aux seuls escrocs. En application d’un principe bien connu des praticiens — “Dis-moi qui a de l’argent, je te dirai qui assigner” — il est possible d’engager la responsabilité des professionnels ayant contribué au système, par leur négligence, leur silence ou leur validation apparente. Cela inclut notamment :

  • Les avocats qui auraient validé ou recommandé des montages frauduleux,
  • Les experts-comptables qui auraient certifié des comptes fictifs ou suspects,
  • Les gestionnaires de fortune ou CGP ayant orienté leurs clients vers ces produits sans vérification,
  • Les commissaires aux comptes qui n’auraient pas détecté ou dénoncé des irrégularités flagrantes.

Dans ces cas, l’action repose sur la responsabilité civile professionnelle (article 1240 du Code civil), et les victimes peuvent réclamer la réparation intégrale de leur préjudice financier. La prescription est de 5 ans à compter de la connaissance du dommage et de son auteur (article 2224 du Code civil).

Ces procédures permettent souvent de viser des personnes solvables, couvertes par des assurances responsabilité professionnelle.


Conseils pratiques

  1. Toujours vérifier si l’opérateur est agréé par l’AMF ou l’ACPR (liens officiels sur leur site).
  2. Éviter les promesses irréalistes : un placement sûr avec 15 % de rendement, ça n’existe pas.
  3. Consulter un avocat dès les premiers soupçons pour constituer un dossier et bloquer rapidement la chaîne.
  4. Prévenir son entourage : si vous avez été approché, d’autres le seront aussi.


Conclusion

Les pyramides de Ponzi prospèrent sur le manque d’information et les promesses trop belles pour être vraies. Elles peuvent ruiner des familles entières, parfois en silence. Comprendre les mécanismes, détecter les signaux d’alerte et agir rapidement sont les meilleurs moyens de s’en protéger.

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